
Photo Credit: Katherine Matus
Ludwig est au service du CCN depuis 13 ans. Cela lui a donné beaucoup de temps de réfléchir sur les changements auxquels il a été témoin, tant dans l’église que dans l’organisation.
Pendant l’apartheid, le CCN a joué un rôle déterminant dans la mobilisation des militants, la construction d’un mouvement pour la justice sociale et la prise en charge des communautés. D’après Ludwig leur pouvoir a augmenté au point où « le CCN était comme un petit gouvernement. »
Ce pouvoir et cette concentration ont été maintenus au pire de la crise du VIH/sida.
Aujourd’hui, le CCN travaille sur une constellation beaucoup plus diffuse de questions d’intérêts qui sont d’intérêt national et qui concernent des groupes marginalisés, y compris la réforme agraire, l’éducation des églises sur les LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués), la réhabilitation des travailleurs du sexe, et s’engage avec différents groupes pour mieux comprendre le génocide des Namibiens de 1908 aux mains des Allemands. Le rôle du Secrétariat du CCN est principalement celui d’organisateur, de médiateur et de facilitateur. Deux fois par an, le Secrétariat du CNN organise une réunion des dirigeants de l’Église, qui fixe l’ordre du jour politique, théologique et humanitaire pour discuter des questions contemporaines. De plus, Ludwig rencontre régulièrement des dirigeants gouvernementaux, de la société civile et des syndicats pour leur soumettre les idées du CCN, les placer dans leurs agendas et pour arbitrer des discussions entre groupes opposés.
Après l’indépendance, le CCN était confronté à des défis liés au nombre réduit de donateurs et à la baisse de financement, ce qui a grandement affecté les opérations de la mission du CCN en tant qu’organisme de facilitation pour ses églises membres.
Les difficultés financières reflètent en partie les problèmes auxquels de nombreuses organisations font face en Afrique australe – comment se regrouper maintenant que les beaux jours de l’argent des donateurs pour le VIH / SIDA sont en déclin. La Namibie a été le premier pays à dépasser bon nombre des objectifs 90-90-90 fixés par l’ONUSIDA, qui demandent que les pays reçoivent un diagnostic de 90 % des personnes vivant avec le VIH; que 90 pour cent de ces personnes diagnostiquées aient accès au traitement; et que 90 pour cent des personnes sous traitement aient baissé leurs charges virales d’ici 2020. [3]
Ceci, ainsi que la classification récente de la Namibie comme pays à revenu intermédiaire plus élevé, ont entraîné une réduction du financement des donateurs.
Mais Ludwig souligne des défis plus profonds et plus fondamentaux.
« Ce que nous trouvons aujourd’hui est un vide de théologie », dit-il. « Avant, nous avions un ennemi commun : l’apartheid. Maintenant, après l’indépendance, la voix qui était si forte est quasiment absente. Je pense que nous devons revenir sur notre voix prophétique. »
Au cœur de cette voix prophétique et de cette vision, se trouve la mission du CCN : être une voix pour les sans-voix. Selon Ludwig, cela signifie utiliser l’accès et l’influence du CCN pour tenir le gouvernement et d’autres personnes en position d’autorité redevables d’assurer le bien-être des plus pauvres de la Namibie.
Dans cette optique, le CCN a, avec l’appui de ses partenaires, analysé les budgets gouvernementaux pour évaluer si le budget est favorable aux pauvres et a engagé le gouvernement à faire mieux. Ils ont également appuyé un projet de subvention du revenu de base, qui, initié par l’une des églises membres du CCN, a testé l’octroi d’une allocation de 100 $ à chaque citoyen de Mitara. Ils ont documenté l’impact de la subvention mensuelle sur les activités génératrices de revenus de la vie des gens, et les femmes étaient en mesure de fournir des produits de première nécessité à leur famille.
L’environnement politique namibien continue d’évoluer. Il y a des changements de la part du gouvernement et des changements autour des décisions qui déterminent les programmes à financer, ce qui peut être difficile. Le rôle du CCN en tant que partenaire constructif du gouvernement est continuellement affecté par ces changements et la façon de mieux jouer ce role demeure un défi majeur.